26 janvier 2024
Chers frères et sœurs,
Notre voyage au Missouri s’est bien passé. Monsieur Franks a prononcé le sermon dans la congrégation de Saint Louis. Monsieur Myers, le nouveau responsable opérationnel des services ministériels de l’Église, était également présent, de même que leurs épouses.
Dimanche, les funérailles de mon père se sont bien déroulées. Malgré un froid glacial, – les températures avoisinaient moins 16 degrés centigrades – environ 130 personnes sont venues.
Comme mon père était le dernier de sa génération dans le ministère, je pense qu’il est à propos de partager quelques extraits, lus pendant la cérémonie :
« George Arthur Meeker Jr. est né le 6 novembre 1930 à Kansas City, au Missouri, fils de George et Margaret Meeker. Il avait une sœur aînée, Joan (Campbell), qui est décédée avant lui. Sa jeunesse a été marquée par les événements qui ont conduit à la Seconde Guerre mondiale. Il a suivi le déroulement de la guerre dans les journaux et il est devenu fasciné par l’aviation. Peu après la fin de la guerre, il a obtenu sa licence de pilote privé, à l’âge de 16 ans, grâce à l’argent qu’il avait soigneusement économisé en distribuant des journaux, au cours des années précédentes.
Pendant son adolescence, lui et son père ont commencé à écouter les émissions de Herbert Armstrong à la radio. En 1950, à l’âge de 19 ans, il s’est rendu en voiture en Californie avec un ami pour y visiter l’Ambassador College, à Pasadena. Herbert Armstrong lui a personnellement fait visiter le campus et l'a encouragé à s'inscrire, ce qu'il a fait. Lors de ses études, il s'est démarqué en tant que leader parmi les étudiants. Après avoir reçu son diplôme, il a été ordonné au ministère de l’Église radiophonique de Dieu, en janvier 1955. Il a effectué ensuite plusieurs tournées de baptême à travers les États-Unis.
En 1955, mon père a accompagné Richard Armstrong à Londres, pour y ouvrir le premier bureau de l’Église radiophonique de Dieu (devenue plus tard l’Église Universelle de Dieu) en dehors des États-Unis. Ce bureau était situé juste à côté de Leicester Square, au cœur de la ville ; le bâtiment existe toujours. Les deux hommes ont mené la première tournée de baptêmes de l’Église sur le continent européen. Mon père est ensuite devenu le premier pasteur de la congrégation de Londres et a également occupé diverses autres fonctions, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Lorsque l'Ambassador College a ouvert son campus britannique à Bricket Wood, en Angleterre en 1960, il était chef de bureau et contrôleur des finances du Collège.
En préparation pour l'ouverture de la première année de cours, plusieurs étudiants de Pasadena y ont été envoyés afin d’y établir une classe, en enseignement supérieur, qui pourrait montrer l’exemple aux tout nouveaux. Venant de Pasadena se trouvait Karen Kunkel, originaire d'Odessa, au Texas. Mon père et sa future épouse s'étaient déjà rencontrés à Pasadena ; en Angleterre, leur amour s'est épanoui, avec les encouragements de Loma Armstrong. Ils se sont mariés le 15 novembre 1960 et ont passé leur lune de miel en Suisse. C’était le début d’une vie remplie d’amour, d’admiration et de soutien mutuels. Ma mère a toujours été la prunelle de ses yeux.
Le besoin de pasteurs dans les nouvelles congrégations aux États-Unis était grand. Mes parents ont été transférés dans la congrégation de Milwaukee, au Wisconsin. C’était le début de leur ministère pastoral qui a, par la suite, compris des congrégations dans le Michigan, l’Indiana, l’Illinois et le Missouri et qui s'est étendu sur une période de plusieurs décennies jusqu'à sa retraite en 2003. Ils étaient grandement appréciés pour leurs services bienveillants et aimables, pour les profonds sermons de mon père et pour leur sens de l’humour…
Mon père était un homme aux multiples facettes, intéressé et talentueux dans de nombreux domaines. Il avait un amour impressionnant pour l’apprentissage. Sa bibliothèque personnelle comptait environ 3 000 livres, couvrant des sujets tels que l'histoire – de l'ancien au moderne, avec un accent sur l'histoire biblique – les tendances sociales et les manuels pratiques. Il savait où était rangé chaque livre et pouvait décrire la couverture en détails.
Il avait une mémoire phénoménale ; il semblait se souvenir de tout ce qu'il avait entendu ou lu. Quand nous étions enfants, nous étions presque sûrs qu'il savait tout sur tout, je pense que nous le croyons encore. Nous ne pouvions jamais bluffer avec lui, prétendant que nous savions quelque chose que nous ignorions. Il en savait toujours plus que nous. Ces dernières années, alors que son ouïe et sa vue baissaient et qu’il souffrait des autres indignités liées au vieillissement, il m’a dit plus d’une fois : « au moins, je peux encore apprendre de nouvelles choses – cela vaut la peine de continuer à vivre ».
Mon père aimait les langues ; il aimait les mots et il avait toujours le mot juste pour n'importe quel sujet. Son vocabulaire était légendaire. Il aimait les langues étrangères. Il a étudié l'allemand à l'université. Il a suivi des cours d’hébreu pour pouvoir lire l’Ancien Testament dans sa version originale. Plus tard dans sa vie, il a acheté des leçons et a étudié le swahili, juste pour s'amuser. Il parlait allemand à nos chiens et parsemait sa conversation de phrases étrangères. J'ai appris mes premiers mots français lorsqu'il a demandé à ma mère : une tasse de thé. Ses intérêts incluaient la musique et les arts. Il plaisantait souvent sur la tenue du salon Meeker, une référence aux rassemblements de la noblesse française du XVIIIe siècle où l'on discutait de littérature, de musique et de philosophie. Il aimait particulièrement rire avec sa famille et ses amis. Son sens de l'humour intelligent et discret était souvent surprenant et toujours une source de joie.
Il collectionnait des casques et des médailles militaires historiques ainsi que des modèles réduits de voitures classiques. Il aimait jardiner. Il a construit notre maison à Columbia, dans le Missouri, à partir de rien, sans aucune expérience en charpenterie, juste un plan bien pensé et une grande détermination.
Mes parents ont beaucoup voyagé. Ils nous ont emmenés, jeunes enfants, à Minehead, en Angleterre, pour la fête des tabernacles en 1971, puis ils nous ont ensuite fait visiter le continent européen. Cela nous a donné, à tous les trois, le goût du voyage. Nous avons tous une passion pour découvrir le monde, passion qui a commencé avec ce périple.
Mes parents ont fait plusieurs visites en France, entre autres pays européens, lorsque Marjolaine et moi y vivions. Ils ont visité l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Rwanda et le Kenya, où ils ont profité d'un safari photo dans les réserves animalières du Masai Mara et d'Amboseli. Nous avons eu une rencontre rapprochée avec un éléphant gigantesque qui se dirigeait droit vers nous, dont nous nous souvenons tous encore. Mon père et moi avons fait un voyage mémorable à Berlin en 2011, un voyage qu'il souhaitait faire depuis qu'il suivait le déroulement de la Seconde Guerre mondiale. J'étais étonné qu’il ait en tête un plan de Berlin, une ville qu'il n'avait jamais visitée auparavant. Il me disait : « si nous marchons dans cette rue, nous arriverons à la place de l'opéra où les nazis ont brûlé les livres, puis si nous tournons à gauche à la porte de Brandebourg et marchons quelques centaines de mètres, le long de la ligne où le mur de Berlin passait, nous atteindrons l'emplacement du premier feu rouge d'Europe continentale, puis l'ancien quartier général de la Gestapo et Checkpoint Charlie se trouveront quelques pâtés de maisons plus loin ». Ce fut ainsi pendant trois jours.
Mes parents ont particulièrement apprécié leurs deux voyages en Israël (une fois avec mes sœurs et une fois avec notre grand-mère Kunkel) pour y observer la fête des tabernacles. Mon père a dit que ses voyages avaient ajouté de nouvelles dimensions à ses études bibliques. Il a toujours été fasciné par la Bible. Il la lisait, et lisait tous les jours à son sujet. Il aimait discuter de la parole de Dieu et le faisait toujours avec érudition. Il encourageait les gens à lire toute la Bible chaque année et leur rappelait souvent de la lire lentement, afin de ne pas rater de détails importants et de se poser des questions. Ses sermons étaient toujours réfléchis et bien documentés. Si bien documenté que ses célèbres digressions constituaient un élément très apprécié de ses messages. Parfois, ils en étaient les meilleurs éléments.
Mon père était un mari, un père, un grand-père et un arrière-grand-père dévoué et aimant. Il était généreux et gentil, un excellent exemple d’un homme qui aimait son prochain comme il s’aimait lui-même. Plusieurs des condoléances que nous avons reçues depuis son décès mentionnent combien il a été apprécié pour sa douceur. Plusieurs collègues ont déclaré qu'il était un homme rare à propos duquel ils n'avaient jamais entendu un mot désobligeant. Il était profondément aimé de sa famille et de ses amis fidèles.
Par-dessus tout, il était dévoué à son Créateur. Dans sa jeunesse, il avait promis à Dieu une vie de dévotion, d'obéissance et de service. Même dans les moments les plus difficiles et les plus décourageants, nous ne l’avons jamais vu renier cet engagement. Il a servi dans le ministère pendant presque 69 ans. Il était parmi les derniers de sa cohorte à connaître personnellement Herbert Armstrong et à travailler avec lui.
Le général George Patton aurait déclaré lors de plusieurs funérailles d’officiers courageux et héroïques, tombés au combat : « Ne pleurez pas trop la mort de cet homme, mais rendez plutôt grâce à Dieu que de tels hommes aient vécu. » C'est ainsi que je pense à mon père.
Maintenant, pour paraphraser l'apôtre Paul : mon père a combattu le bon combat, il a achevé la course, il a gardé la foi. Désormais, la couronne de justice lui est réservée, le Seigneur, le juste juge, la lui donnera en ce jour-là, et non seulement à lui, mais encore à tous ceux qui auront aimé son avènement.
« Père, tu laisses derrière toi un merveilleux exemple d'amour et de service chrétien. Repose en paix, George Meeker, jusqu'à ce que nous puissions à nouveau rire ensemble, pendant l’éternité. »
Je vous souhaite frères et sœurs, de passer un excellent sabbat.
Votre serviteur en Christ,
Joël C. Meeker